On s’échappe donc de Siam Reap un mardi matin… rdv à 6h30 en bas de l’hôtel, le réveil est dur, pour un trajet en bus jusqu’au port pour partir en bateau sur le lac Tonlé Sap et sur la rivière qui mène à Battambang.
Fabrice va chercher le petit déjeuner à emporter que l’hôtel nous a préparé, baguettes de vache qui rit et fruits! Pendant ce temps, on déguste (si si!) les biscuits Carrefour que nous ont laissés Nathalie et Corinne…
Un petit gamin des rues arrive avec son vélo et ses deux sacs poubelles à l’arrière. Il fouille les poubelles et récupère les bouteilles en plastique, sans doute pour les revendre (une misère). Il nous reste quelques jouets des enfants dont un jeu de quilles en bois (tu vois Erwan, tes cadeaux se recyclent même au Cambodge!). Maceo l’offre à l’enfant; pendant ce temps, un autre petit arrive, puis un troisième… Ils installent immédiatement le jeu par terre et se mettent à jouer avec les nôtres…
On est parti à 7h45 (le bus avait un très léger retard…), et pendant tout ce temps, ces enfants n’ont fait que jouer avec les quilles. On ne sait pas s’ils garderont ce jeu longtemps, s’ils le vendront ou se le feront voler, mais c’était un instant magique: pendant plus d’une heure, ces enfants ont arrêté de ramasser des déchets pour simplement … être des enfants.
On arrive vers 9h au port (au lieu de 7h30 donc), pour se voir attribuer le bateau le plus pourri! On sent qu’on s’est encore fait gentiment arnaquer… les jolies photos du bateau bleu avec toit sécurisé et sièges confortables ne ressemblent en rien à ce vieux rafiot blanc, sans gilets de sauvetage, avec un toit en pente et sans barrière, dans lequel le capitaine arrive à entasser 30 personnes! Pour la 3ème fois donc depuis qu’on est au Cambodge, on n’est pas content! Pourquoi ce pays vend-t-il de fausses prestations? C’est tellement plus simple d’annoncer la couleur avant! Au moins, on pourrait prendre ses décisions en toute connaissance: bateau/pas bateau…
Enfin, comme d’habitude aussi, on se calme, on se dit qu’on écrira une note sur tripadvisor (ou comme râler par écrit pour se venger), et on s’installe… coup de bol, on est derrière le (non-sympathique) capitaine, et donc loin du bruit du moteur…
Fabrice et les enfants montent sur le toit… quitte à être sur un rafiot pourri, autant voir la vue et puis si on coule, on pourra nager plus facilement sans rester coincés à l’intérieur! 🙂
Le trajet dure 5 heures environ en saison humide, une dizaine en saison sèche.
Le lac Tonlé Sap et la rivière du même nom sont originaux pour deux raisons: (source Wiképédia)
* le régime d’écoulement de la rivière est unique au Monde. Selon la saison, elle coule du lac vers le Mékong ou du Mékong, alors en crue, vers le lac. Le lac servant ainsi de déversoir au trop-plein des eaux et de réservoir en période de basses eaux.
* La superficie du lac pendant la saison sèche (février à mai), est d’environ 2 700 km2 pour une profondeur d’environ 1 mètre, elle se voit quasiment multipliée par six quand arrivent la saison des pluies de mousson concomitante à son début avec la fonte des neiges. On estime que la surface du lac peut alors atteindre 16 000 km2 et sa profondeur 9 mètres, noyant rizières et forêts. En volume, cela représente une multiplication par un facteur 70.
Lors de sa crue, le lac envahit les forêts et les champs avoisinants. L’écosystème du Tonlé Sap est donc reconnu comme un écosystème de forêt inondée.
Voilà pour la leçon du jour!
Nous sommes donc en saison de moussons, et le lac est immense…on passe à travers la forêt inondée, on voit le sommet des cocotiers, des arbres, on se faufile entre des plantes qui doivent pousser sur des monticules de terre (on n’en sait pas plus, cela doit être drôle de revenir voir cet endroit en saison sèche).
Et puis, on voit des maisons, soit sur pilotis (qui font donc 6 à 8 mètres, inondés au moment de notre passage) soit flottantes (posées sur des radeaux ou même plusieurs pirogues). C’est juste extraordinaire…
Il s’agit de vrais villages, on passe dans la « rue » centrale. Les maisons sont alignées de chaque coté, on se demande comment les habitants s’organisent, y-a-t-il un ordre pour placer sa maison? Un chef de village? Une sorte de maison centrale où les gens peuvent se retrouver comme un bar? On se pose beaucoup de questions, surtout en se référant à nos vies quotidiennes qui sont plus que différentes que celles de ces villageois!
C’est juste à mille lieux de ce que l’on connait… Pas de terrain pour jouer au ballon; pas de « je sors faire un tour dans la rue »; on va chez le voisin en pirogue et pour acheter un sac de riz, c’est pareil. Les écolières sont 5 ou 6 par bateau et rentrent déjeuner.
Notre bateau fait office de poste; plusieurs pirogues apportent leur courrier et on dépose des colis à d’autres. Les chiens sont installés à l’arrière, la sortie du jour avec leur maitre sans doute… Les enfants conduisent à 5 ou 6 ans leur embarcation avec aisance. On croise une seule maison dans laquelle il y a plusieurs enfants et des barrières de sécurité aux portes; sinon tout le monde est sur sa terrasse, enfants comme adultes.
Plusieurs dames font leur lessive, et montent sur leur bateau pour étendre leur linge contre un mur de la maison ou se glissent sur quelques planches de bois qui en font le tour.
Notre petite vie s’organise à bord, on alterne les séjours sur le toit (agréables mais chauds; discussion avec les autres touristes), ceux à l’intérieur (cours de français, comptes sur excel, jeux, observation des villages et du paysage), on mange, on discute… Les heures défilent sans être pénibles. Le spectacle est tel qu’on ne peut qu’en profiter!
Une des ballades les plus étonnantes qu’on ait pu faire jusque là!
c’est toujours aussi passionnant de lire vos aventures! merci pour ces récits!